-
Sud Lipez, l'aventure minérale
Dimanche 3 Juin Faux départ
Une journée pleine de rebondissements...
Réveil à l'aube. La première difficulté est de s'extirper du lit. Eh oui, nous n'arrivons pas à nous habituer à ces températures plus que fraîches! En prime pas d'électricité dans l'hôtel. Pas évident de finir les sacs à la frontale.
Nous arrivons tant bien que mal à être prêts à temps.
7h: nous sommes au rendez-vous mais ... personne. Nous attendons une demi-heure devant la devanture. Nos doigts sont quasi gelés quand le chauffeur (MIGUEL) et notre cuisinière arrivent. Le temps de charger le 4X4 et nous voilà partis avec Gaelle et Maxime.
A nous l'aventure SUD-LIPEZ.
1er ARRÊT: Miguel s'aperçoit qu'il a oublié son porte-feuille et son permis. Dommage pour un chauffeur....
2ème ARRÊT: le 4X4 toussote, Miguel descend pour voir ce qui se passe. On repart
3ème ARRÊT: la montée est raide et le problème s'intensifie. Miguel descend de nouveau en nous disant d'un ton se voulant rassurant "un momento por favor". Il ouvre son capot et essaie de résoudre la panne. Raté! Il explose une courroie cassant au passage la pompe à eau du radiateur. On reste perplexes... ça semble plié!
Sans radio, Miguel part à la recherche de réseau pour contacter l'agence. En pleine Pampa, c'est pas gagné! On le voit s'en aller vers les collines... On prend notre mal en patience... Solidaires les autres 4x4 s'arrêtent puis repartent emportant les sourires un rien moqueurs des touristes.
Miguel réapparaît et sans aucune explication plonge la tête dans le moteur. 30 minutes plus tard, grâce à une réparation de fortune, on fait demi-tour vers Tupiza.
Confuse, la fille de l'agence nous promet un changement rapide des pièces du moteur. Pour être francs, l'idée de reprendre la route avec ce véhicule boiteux ne nous plaît qu'à moitié. En plus, le temps perdu nous privera d'une bonne demi-journée. On fait le point avec Maxime et ensemble décidons de ne partir que le lendemain. L'agence accepte, nous offre l'almuerzo et une nuit dans un des dortoirs de son hostal. Ce n'est que partie remise...
Rien de prévu. L'après-midi se déroule tranquilement. Les filles bossent un peu, font des bracelets et on tape la discute avec une canadienne, un italo-américain, un polonais et des frenchies. On va finir par devenir polyglotes (Sauf Létis qui plafonne!)
Les festivités pour l'anniversaire de Tupiza ne peuvent avoir lieu; C'est jour sans électricité!! Cherchez la logique. En conséquence, les rues sont désertes. Impossible de se connecter pour envoyer un message à nos mamans (c'est la fête des mères en France).
Vers 18h, la lumière revient, les habitants aussi. L'ambiance monte autour de la place. C'est un peu désordonné. Tous les groupes s'énervent musicalement en même temps. Nos oreilles n'y résistent pas. On se retranche dans le resto "Los Alamos" devenu notre cantine. Toute la ville est dehors mais nous allons tester nos matelas. Demain c'est le VRAI DéPART...
Lundi 4 Juin
Le petit dèj est léger mais à voir le 4x4 garé devant l'agence, on n'est pas loin de l'indigestion. Le vieux Land Cruiser à la peinture bleue délavée semble d'un autre siècle... Pablo, le chauffeur-guide nous salue dans sa tenue maculée d'huile de moteur... Pas de cuisinière... Tout ça n'a rien d'engageant. Polis mais soucieux nous n'osons rien dire. Dans un silence inquiet, nous décollons. Létis est positive et ne cesse de répéter que l'habit ne fait pas le moine... Encore une fois elle a raison. A quelques kms de la ville, Pablo nous sert une petite collation devant le Sillar (de superbes montagnes dentelées par les pluies et l'érosion). La glace est brisée. Il a enlevé sa tenue de mécano et l'on sent en écoutant ses explications que le personnage est à la hauteur. La voiture bien que vieillote nous paraît finalement confortable et a l'air fiable. Et la cuisinière??? Pablo me dit de ne pas m'inquiéter : "No te preocupes!!!" L'aventure peut commencer...
Le SUD-LIPEZ...
...Tenter de le décrire avec des mots serait sûrement un échec. Cette immense région du sud ouest bolivien qui s'étend jusqu'aux frontières chiliennes et argentines est sans aucun doute un des trésors terrestres les plus fabuleux. Déserts, montagnes colorées, volcans innombrables, chaînes enneigées, lagunes bleues, vertes, blanches, roses, geysers, ... le spectacle est permanent. Impossible de fermer l'oeil une demi-seconde. A plus de 4OOO mètres en moyenne, dans un froid terrifiant, ces paysages de folie donnent l'impression de traverser plusieurs planètes de notre système solaire. Il y a plusieurs millions d'années, les éruptions volcaniques et les rencontres de plaques tectoniques ont formé et sculpté ces lieux incroyables. Soulevée des fonds marins la croûte terrestre a emprisonné des mers de sel et des lacs devenus lagunes ou salars. Plus grande réserve de sel du monde, la zone regorge de minéraux et minerais (cuivre, plomb, fer, borax, ...). On se pose des questions: Comment la Bolivie riche de tous ces gisements peut-elle être le pays le plus pauvre d'Amérique du sud?
Les incroyables réserves de lithium promettent un avenir plus doré. A moins que l'expérience de l'argent de Potosi (Pont d'argent entre le nouveau-monde et l'Espagne, base du capitalisme moderne) ne se répète à nouveau...
Jour 1
Du Sillar, proche de Tupiza, Nous avançons seuls au monde vers Nazarenito et ses anciennes mines d'or puis Aguanapampa. Sur cette grande plaine, les lamas ne craignent pas le vent. Tressés à leurs oreilles des rubans colorés permettent de reconnaître les différents troupeaux. Le 4x4 parcourent quelques kms jusqu'à Trapiche: un ancien village de mineurs aujourd'hui abandonné. Pendant que notre cuisto prépare l'almuerzo à l'abri des ruines d'une vieille batisse de pierres, on se balade dans les alentours balayées par un vent polaire. La saison est au dégel mais les ruisseaux sont encore figés par la glace. On supporte bien nos bonnets. Courte halte au Paso del Diablo. Les Quechuas pensaient que le sable déplacé par un vent terrible était l'oeuvre du Diable. Au milieu de nulle part, San Pablo, chef lieu du Sud-Lipez, ne mérite pas plus que 15 minutes de pause.
La nature est stérile mais une faune parvient malgé tout à survivre. Planant au-dessus de nos têtes, trois condors tournoient alors que les viscaches (lapin des Andes) sautillent entre les rochers.
La nuit arrive, le froid se fait plus vif, la piste devient difficile. Kollpani, petit village isolé à 4250m, où ne passent que quelques véhicules par semaine sera notre refuge. Pablo ne s'économise pas. Après des heures de conduite, il enfile son tablier de cuisinier et nous prépare un dîner succulent. Chaudement habillés, on se glisse dans les duvets. -5° à -10°C, la température nocturne a de quoi faire peur.
Jour 2
Le volcan Uturuncu et ses 6008m domine. Nous atteignons les premières lagunes: Laguna Celeste et Amarilla normalement de couleur jaune (verte pour nous). Nous entrons dans le Parque Nacional, s'allégant au passage de 300 bs et stoppons à Quetena Chico. En 1H30, on fait la visite du petit musée (très intéressant) et dégustons un copieux almuerzo (on va prendre du poids!)
Le souffre s'échappant de la Laguna Hedionda dérange nos narines alors nous filons jusqu'à Kollpa Laguna où se nourissent des flamands vraiment roses.
Avant l'immense Salar d'Uyuni, Pablo nous amène au salar Chalviri en formation et recouvert de poussière. Toutes proches, les thermes d'eaux chaudes sont l'occasion pour les moins frileux (Loryne & mick) de se baigner. La température du bassin frôle les 35°C. A l'extérieur le thermomètre n'affiche que quelques degrés.
Le Land traverse le magnifique désert de Dali en direction l'hostal où nous passerons une autre nuit froide. Au pied du Volcan Licancabur. Nous reprendrons notre route à l'aube.
Jour 3: richesse des paysages
Réveil 7h. On se régale de pains "français" (sortes de beignets) préparés par la mamita de l'hospedaje. La toilette est rapide. Pas d'eau, les conduits sont congélés. Il en est de même pour la Laguna Verde. Le départ prévu vers 8h est donc repoussé d'une heure. On aperçoit un zorrito (petit renard) qui rôde derrière la bâtisse.
Une fois le 4X4 chargé, nous nous rapprochons de l'immense Licancabur. Le monstre se reflète dans les lagunas Blanca et Verde. La description faite par Pablo est étonnante (on pense immédiatement à Christian): En plus de séparer la Bolivie de son voisin chilien, ce volcan dissimule en son sommet une lagune où se développent d'étranges micro-organismes. Si étranges que les scientifiques de la NASA viennent sur place les étudier. L'environnement serait proche de celui de Mars lorsque l'eau y était encore présente. L'ascension est un véritable exploit. L'altitude, la faible pression atmosphérique et la forte concentration de fer rendent chaque pas difficile. Selon Pablo, seuls 5% des grimpeurs parviennent au sommet. Les Incas (bons sportifs) sacrifiaient des adolescents destinés depuis leur naissance à périr dans le lac du crâtère.
Après quelques clichés, nous remontons à bord: direction le désert de Dali que nous avions juste traversé la veille. L'endroit est vraiment magique! La ressemblance avec les oeuvres du peintre espagnol est troublante (d'où son nom!). Encore plus quand Pablo nous révèle que jamais Dali n'est venu jusqu'ici. Génie de l'artiste et de la nature.
Désert de Dali
Retour aux bains thermaux. A la différence d'hier, une masse de touristes se prélassent déjà dans ces eaux à 35°C. Peu importe, l'envie est trop forte d'autant que nous passerons 5 jours sans douche.
Après la pause du midi, direction les geysers (rien à voir avec ceux d'EL Tatio)
On ne traîne pas la Laguna Colorada nous attend. Cette lagune offre un spectacle fascinant. Sa couleur rose-rouge (due à des algues marines) rendue plus intense par la blancheur du borax et de la craie nous laisse sans voix. Les trois variétés de flamands, des lamas et quelques vigognes complètent ce splendide tableau. L'hostal est proche de la rive. Nous passons le reste de la journée à nous balader dans ce cadre fantastique. Le petit goûter quotidien est cette fois bien mérité.
lla surprenante laguna colorada
Jour 4
Nous pensions être matinaux (5H) mais tous les autres groupes sont déjà partis!!! Encore dans leur duvet, les filles finissent leur nuit à l'arrière du 4x4. Pablo souhaite partir tôt pour avoir de la place dans le meilleur hôtel de sel au bord du salar d'Uyuni.
Au programme de cette journée, l'arbre de pierre que nous découvrons tout juste au lever du jour, puis le désert de Siloli avec sa montagne aux sept couleurs. La piste longe une suite de lagunes entourées de sommets enneigés. Formant un cercle, les flamands roses terminent leur nuit dans ces eaux encore gelées.
Endroit idéal pour déjeuner
Plus loin, parmi les nombreux volcans en sommeil, l'Ollague laisse échapper des fumerolles en permanence. D'impressionnantes coulées témoignent de ses très anciennes éruptions.
Pour éviter de s'agglutiner aux autres 4x4, Pablo bifurque pour une autre direction. C'est seul que nous traversons le Salar de Chiguana, un avant-goût d'Uyuni, pour rejoindre San Juan, village producteur de la quinoa real.
Il est 15H30, découverte du fameux hôtel de sel. Arrivés les premiers, nous choississons nos chambres. Le reste de l'après-midi est libre, nous en profitons pour faire quelques essais photos sur le salar et monter dans les hauteurs à la rencontre des cactus centenaires.
L'hôtel de sel affiche complet. Parmi les tablées de français, australiens, ...nous dégustons les lasagnes préparées par Pablo le magicien. La fête dure une partie de la nuit mais nous préférons aller dormir sur nos lits salés. Demain, il faut être en forme pour profiter du salar.
Jour 5 dans la blancheur du salar
Nous voilà sur le plus grand salar de la planète. 12 000km2 de sel qui, chaque année, progresse de plusieurs mètres. La fine croûte saline (de 1,5 à 4cm) blanchit au fur et à mesure que le soleil se lève, jusqu'à devenir éblouissante.Autoroute sans limite ni limitation, le 4X4 file à toute allure. Au loin les montagnes, plus proches des collines qui portent le nom d'islas. Isla del Pescado, Isla Pia Pia, isla Inca Huasi, ... on a du mal à le croire mais il y a plusieurs millions d'années ces îles figées sur le sel étaient des massifs coraliens ancrées au fond de l'océan.
Perdues au milieu de cette étendue inerte, ces islas ont pourtant servi de refuge à la noblesse inca cherchant à fuir l'avidité des conquérants. Les sabots des chevaux ne résistant pas à l'agression du sel, incapables de s'orienter, les espagnols avançait vers une mort certaine...
Ici, les boussoles perdent le nord, les appareils électroniques montrent leur limite et mieux vaut ne pas oublier la crème solaire et les lunettes de soleil.
Après la traditionnelle séance de photos rigolotes, Pablo nous invite à un pique-nique de luxe dans ce désert blanc. Un moment incroyable...
Il est temps de rejoindre Uyuni. La fin du circuit approche. Avant, Pablo tient à nous conduire vers "los ojos". De ces trous naturels, l'eau remonte en bouillonant sous l'effet de la pression. Le lithium n'est pas loin. Sous nos pieds, se trouve un trésor inestimable, plus de la moitié du stock mondial de lithium!!! Utilisé pour les batteries, le lithium est sans doute l'énergie de demain. Conscient de l'aubaine, plusieurs multinationales (dont Bolloré) veulent s'emparer de cette richesse en devenir. L'exploitation à grande échelle est prévue d'ici à 2013. Comme le dit modestement Pablo, espérons que la population puisse cette fois en tirer profit et sortir le pays de sa pénible condition de tiers-mondiste.
Le 4x4 s'éloigne de la blancheur pour nous amener à la poussiéreuse Uyuni. Après tant de splendeur, la laideur de la ville. Le changement est radical. On aimerait s'en échapper mais il nous faut patienter jusqu'à demain matin.
Pablo nous conduit à l'hôtel et nous le remercions pour nous avoir permis de profiter au maximum de cette belle aventure. Le vieux Land bleu délavé repart vers Tupiza alors que nous partons acheter les billets pour Potosi. Départ demain 9h30. En attendant, on s'enferme dans la chambre-frigo en rêvant d'une bonne douche chaude. Raté!!!! (la notion du chaud n'est visiblement pas universelle!!).
Comme nous, les filles ne tardent pas à s'endormir.
Tags : pablo, lagune, 4x4, salar, san
-
Commentaires
2claudechauveauMercredi 13 Juin 2012 à 17:16bjr les mochilas ,somptueux,magique !! tres beaux montages de photos ,avec le lithium vos batteries sont bien chargèes!!!! bravo les enfants,pensons tr fort à vous gros bisous ,ici c ,est la canicule 7 aprem 20° et oui ,et 2 jours 100 pluie, incroyable !! les marsouins
3manue la perouvienneVendredi 22 Juin 2012 à 12:02rrrrrrr.... que c est beau.... jai envie de repartir!!!!! JE VIENS DE REVENIR A PARIS ET JE N ARRIVE PLUS A SUPPORTER LE RYTHME....
Il me faut vos dates sur paris pr savoir si je serais la!!!! JE VOUS FAIS DES ENORMES BISOUS DE PARIS
LA TOUR EIFFEL VOUS ATTEND
Ajouter un commentaire
MAAAGIQUE!!!! GRANDIOSE!!!
En photos, c'est déjà magnifique, alors à vivre... Les explications et commentaires finissent de nous subjuguer. Bravo et merci pour le temps passé à retranscrire tout ça.
Blog et aventure sont vraiment passionnants à suivre.Vous avez l'air en forme: Laetis a passé avec succès l'épreuve du froid; les filles nous épatent par leur capacité d'adaptation et leur résistance. On sent vraiment que vous avez pris votre rythme de croisière (si on peut dire!)
Profitez bien de vos quelques jours de repos à Sucre et et des dernières semaines de découvertes avant les retrouvailles avec la Guyane.
Super contents de vous retrouver à Nantes. Finalement, ça fait juste un petit détour de 600 bornes entre le pays Basque et Grenoble! Mais qu'est-ce que c'est devant les milliers de kms que vous parcourez!!!
Bises à tous et à très bientôt.